Poèmes

        FEMMES


   REGARDEZ- MOI


Celle avec qui je couchais
Quand tu étais en voyage
M'a bien cassé les pieds.
J'étais au lit, tu te souviens,
A cause d'une grippe.
Eh ! bien, elles ne m'ont pas quitté,
Ni la grippe, ni l'autre.
            ***
Son oeil ! Un oeil comme une lame,
Toujours planté dans ma barbaque,
M'aimant, mendiant,
Me dépeçant,
Cet oeil en vrille, pointé sur moi,
M'a tir-bouchonné l'âme.
            ***
J'ai passé des heures lentes
A regarder ailleurs.
Car, en définitive,
Il ne disait, son oeil,
Que merde au mien.
Même qu'à la fin,
J'ai dit merde à mon tour.
_____________________________________
            A  COCO

Silence, Coco, silence !
Toi et ton nombril.
Crachant un poil, pompant ta vie,
Au pied du lit, je lis:
     INTERVIEW EXCLUSIVE
       DE M. BOURGUIBA
Bouche sur ton agonie,
Suis-je,
Ciel en haut, ciel en bas,
Dans le tête-bêche de cris,
L'envers de quoi?
_3.1.79__________________________________
            OPPRESSION

Quel est l'ennemi? La pesanteur.
Je te traîne, toi et tes kilos,
Je revis ces jours écrasés
Quand tu t'es assise sur mon coeur.

Pourquoi fallait-il qu'à nos maux
Vînt s'ajouter ta dictature,
Vinssent s'amonceler tes quintaux
Sur moi et mes déconfitures?

Des ailes ! Poids de fer, poids de trop,
Préférez-moi d'autres balances.
De l'air ! Poids de fer, poids de cuivre,
Préférez-moi d'autres balances.
Espace, permets-moi de revivre,
Amour,reprends-moi dans ta danse.
__14. 12. 72________________________
      A  DANIELLE

Pour voir la fuite rouge du poisson
J'empruntais ton regard.
Pour cueillir les framboises,
C'était ta main.
Les soirs de juin
Les hivers de cristal
Et les soleils, si loin, si loin;

Le lait gris des aurores
Les parfums du parquet
Et ces tremblants mystères
Du banc sous le sapin,
Du pot-au-feu qui bout,
De cet oiseau, que fait-il là ?

Le creux si doux des heures,
L'aile des phares la nuit,
La plainte des cargos,
La lande, la grève,
Le vent qui sèche les pleurs,
Explique-moi;

Je veux savoir, ange du bizarre,
Je veux savoir
Qui les habille maintenant, les lilas de la vie,
En taillant dans le vide
D'immenses coupons de nuit.
___9.4.73______________________________________
         NOSTALGIE

Toi sans qui je suis qui ?
Tu as fait de midi minuit.
Ah ! Supporter
Dans le jour l'heure,
Dans l'heure la minute...
Le temps, en peine de faux, de sable,
A fait de toi
L'azur de quel cachot.
_______1.12.72____________________________
      LE  CORPS

Tu m'as empêché de boire,
Puis de rire puis de voir,
Enfin de respirer.
Et tu as fait de moi
Un corps.

Tu lui as tout pris, son soleil,
Ses pluies, ses aubes, son soir,
Par tes mains reléguées dans le noir.
Il a reçu tes larmes
Mêlées aux goutelettes d'un goupillon complice.
Vous avez mis, pourquoi ?
une planche entre mes yeux
Et leur raison de voir.
De grand coups de marteau
Ont joué la fanfare
Vous avez fabriqué pour lui
du silence, de la nuit
Et le baiser des larves.
Tu lui as fait une maison
Somme toute déconcertante,
Si froide, si exigüe,
Quand ton ventre est si chaud
Et la terre si grande.
____________5.13.73_________________
      CERCLE  VICIEUX

Tu sais que je sais que tu sais qui je suis,
Je sais que tu sais que que je sais qui tu es,
Je sais que tu penses que je crois que tu penses
Que je crois que tu penses que je suis qui tu crois.
J'espère que tu aimes que je sois qui je suis,
Tu veux que je sois qui tu crois que j'étais.
Je pense que tu es qui tu sais que je pense
Que tu veux que je veuille que tu sois qui tu crois.
Tu hais que je sache que tu sais qui tu es,
Tu crains que je veuille que tu sois qui je veux.
_______28.12.72________________________________

                          COSMOS

         ATLAS
Elle pèse cette espèce
Fille de ma défaite.
Heureusement que parfois
D'Arès un hoquet
Fait toilette.
Ciel, mon sol veuille
Veuille que sur toi demain
Résonnent mes pas libres.

        ATLAS  (Bis)
Rires, joies, larmes, je les porte.
Vous reposez,
Enfants d'une défaite,
Sur un géant perdu.
Un hoquet, trop rarement,
Fait place nette.

Elle pèse cette espèce !
Heureusement que la guerre,
Pas assez pourtant,
Fait la toilette du globe.
Ciel, mon sol, veuille,
Veuille que sur toi tantôt
Résonnent mes pas libres.

      ATLAS  (Ter)
Vos rires, vos joies, vos larmes,
Je porte tout cela.
Vous reposez en somme,
Enfants de ma défaite,
Sur un géant perdu.
Un hoquet suffirait
Pour faire place nette.

Légertés l'une sur l'autre,
Mensonges à la pelle,
Vous faites des tonnes.
Vermine, je te hais,
Tu pèses, espèce ignoble.
Ciel, mon sol,
Veuille que sur toi bientôt
Résonnent mes pas libres.
____________28.12.72___________________
          CIEL

Oui, je crois
Que les étoiles, noms dorés,
Altaïr, Bétélgeuse, Persée
Sont en bas, tout au fond
D'une mer gelée.
Ma tête reflète
Cette mort la lune,
Musique de nuit,
Mer des Pluies,
Lac des Songes,
J'ouvre les bras, je plonge.
____________26.12.72________________
       CIEL  II

Nuit
Promenade tête en bas
Parquets pour les glissades
Astres où se repose l'orteil
Ciel ! Ma patinoire.
_________5.4.76_______________________
           UN  NUAGE

-  "Pourquoi si tant le suivre
     Nuage gris,
     Sans répit entre
     L'astre et lui ?"

-  "Je veille, ne gémis".

-  "Ombre, pourquoi,
    Sauf où je suis,
    Est l'infini ?"

-  "Tu vas: je vais.
    Traîne l'île, ami".
_________7.10.75________________
  LE  JOUR  ET  LA  NUIT

Coloriste intrépide,
Il fait de moi ou le noir ou le blanc,
Décide de ton coeur, joie du mien,
Trafique les formes
Obscurcit la lumière.
Tu ne m'aimes plus, je t'aime encore.

Tricheur qui nous dirige
Je ne suis pas plus un coeur qu'un pique
Et je te dis, ni noir ni rouge :
Fous le camp de mon soleil,
Va-t-en jouer ailleurs !

Oublions la lumière et la nuit.
Allons main dans la main
Jusqu'au fond des orages.
Abîmons-nous, réeels enfin,
Dans cet or incertain
D'une comète en voyage.
____________2.12.72________________
    LA  NAINE  NOIRE

je suis une naine noire, méchante, tapie
Au fond du ciel et plus noire que lui.
Je suis plus lourde que n'importe qui de vous.
Ma pesanteur retient tout, l'essentiel
De ce qui fait un astre : ma lumière.
Elle tue ma flamme emprisonne mes rayons,
Subjuge mes élans et je crève sans elle.
Je brûle sans briller, noire, sale et naine,
Mon milliard de degrés ne réchauffe que moi.
Je ne donne rien, ne suis rien, ne suis pas,
Phare obscur de vos peurs et vos haines.
Arrière, n'approchez pas de ma tempête,
Marin du vide, je t'écrabouillerai.
_______13.12.72_____________________________
        ESPACE-TEMPS

Combien de temps,
La lumière,
De temps met-elle
De corps à corps ?
Je m'approche :
Est-ce pour tes bras
Ou ton présent ?
Je t'étreins :
Est-ce pour la chair
Est-ce pour le temps ?
______________17.3.77__________

                HIVERS

     TU  ABÎMES  LA  NEIGE
Pourtant tombait le ciel, prenant la place.
Pourtant cessait l'asphalte,
S'innocentaient les langes
De la nuit.
Tu vins, et tes godasses
Pourtant chutaient les anges.
_____14. 2. 78  (Il neige)_________________________
       REVEILLON

Soleil, oubli du vent
Que décembre assomme
Des mauves de l'an,
Encore une fois sonne.
Qu'arrive-il ?
Quelle terreur, quel an mil ?
Dernière musique, soleil,
Symbale au ciel, sonne
Encore,
Encore une fois.
_______1.1.73________________________
    FÊTONS  LA  SAINT-SYLVESTRE

Soleil à travers l'arbre,
Toi que décembre couronna
Des mauves assourdissants
De l'année morte,
Sonne le glas
Encore une fois
Pour moi.
Ta splendeur sur cette feuille
Oubliée par le vent
En a pour une minute
Avant que noir se fasse.
Alors qu'arrivera-t-il ?
Quelle terreur, quel an mil ?
Soleil, dernière musique,
De toutes tes cloches sonne
Encore et encore
De toutes mes morts
La dernière née.
__________1.1.73_____________________
           
                 ENFANCES

        LA  LUMIERE  AU  LOIN
Il va être cinq heures, il fait gris.
Grand-Papa doit sortir sa montre,
Sa grosse montre, il m'attend.
Alors je cours vite, j'ai trop faim.

On dirait qu'une main
a mis à l'envers les arbres, les gens.
Et puis les a mis à l'endroit
Pour que la neige tombe, tombe, tombe.

J'ai poussé la grille, je m'arrête
Il ne fait pas jour, pas nuit, le chocolat m'attend.
Je vois les branches en noir et blanc
Je vois tout au bout la lumière.

Sous la lampe verte, il y a Grand-Papa,
Dans neuf jours, ou plutôt non, dans dix,
Ce sera Noël, mon coeur attend,
Je devrais, mais je n'ose plus marcher.

Ah! J'aimerais que tout, sauf la neige,
S'arrête très très longtemps.
Demain, j'aurai l'âge de raison,
Il faudra être sage, toujours toujours.

Sept ans, j'aurai. La neige est dans mes yeux.
Gran-Papa doit se dire : "Qu'est-ce qu'il fait celui-là ?"
Elle est jolie la lumière verte,
On dirait qu'elle hésite. Allons ! il faut marcher.
________________3.12.72____________________________
             LES  NUAGES

C'est beau, les nuages
Pourtant, on me reproche
D'être toujours dedans.
On en fait ce qu'veut, des nuages,
Toutes les formes, les visages,
Papa, maman, le chat,
Même moi, je leur ressemble.
Je trouve ça bien joli
D'avoir ma tête dans le ciel
Qui vole au gré du vent
Sur les campagnes.
Je fais rêver le petits enfants
Je pleure pour faire pousser
L'herbe.
_________26.12.72_____________________
              LE  LAVABO

Gram _j'appelle comme ça ma grand-mère_
M'a dit : "Ferme le robinet".
Je l'ai laissé ouvert, j'aime la goutte d'eau.

Je dois faire mes devoirs, mais comment ?
Comment, avec cette jolie goutte d'eau ?
J'ouvre quand même mon livre, je pense.

Il y a un placard et une table étroite,
Il y a la fenêtre et le noir et la neige,
Il y a mon pupitre, moi et le lavabo.

"En hiver, le rossignol sautille de branche en branche".
Je dois traduire ça en latin,
Mais la goutte d'eau veut autre chose.

Que fait le rossignol, quand il ne chante pas ?
Que fait l'eau quand elle ne goutte pas ?
Où suis-je quand je ne pense pas ?

A part l'étoile venue de l'Orient,
Il n'y a dans ma tête plus rien,
Que le bruit tiède du lavabo.
___________4.12.72________________________
        A  CLEMENCE

Mon gras, mon gros nourrisson,
Faite de je ne sais quoi,
Sucre ou Celluloïd,
Mon baigneur rose et rose,
Je vais te dévorer
Comme le temps mange les heures.

Je mordrai à pleines dents
De tes bras le jambon
Je t'aime pour de bon
Au mauvais sens j'entends.
Tu es ma succulence
Je veux être ton ogre.

Oui, j'ai faim de ta chair.
Dans mon vieux garde-manger
Il n'y a plus que toi,
Le reste est dévoré,
Ma blonde, ma rose, ma joie.
__________13.12.72_________________
           A  FREDERIC

Quand tu étais petit
mais fier comme un paon,
J'aimais bien t'embêter,
C'est mon vice, mes bébés.
Je te demande parfois
"Où est-il Frédéric ?"
Toujours l'enfant répond
En montrant sa poitrine.
Te distinguant déjà
Tu étais dans ta tête,
Tu désignais ton front
Comme l'étoile dans le noir.
Frédéric était là,
Perdu dans les fins fonds
Du ciel de sa maison.

         A  FREDERIC

Je te demandais :
"Où est-il Frédéric ?"
Toujours l'enfant répond
Le doigt sur la poitrine.
Te distinguant déjà
Tu désignais ton front :
Tu étais dans ta tête.
Comme l'étoile
Frédéric étais là
Perdu dans les fins fonds.
________29.12.72__________________
PHOTO  EN  NOIR  ET  BLANC

Mets-toi là, ma petite chérie,
Ma chérie, ma douce,
Ma douce vie.
Lève la tête, souris
Fais sourire le petit.
Regarde-moi
Comme ça.
La Loire derrière, la Loire
Et le chemin.
La barrière et ses fils
Fils de fer barbelés
Fils grelottants d'une araignée,
Regarde-moi bien,
Regarde-moi... J'ai fini
___________5.5.75__________________

HISTOIRES  NATURELLES

      LA  LOIRE
Sais-tu que la Loire t'aime
Quand elle passe sous tes pieds,
Te regrettant déjà,
Ondulants secrets
De ce qui vient, de ce qui va
Dans la lumière,
Courants et bras,
Remous que l'avenir désespère.

      LA  LOIRE  (bis)
Jaune Loire,
Rire jaune sous l'arche, sous toi,
Reluquant tes ombrages,
T'aimant, te regrettant
Déjà ...
Il t'aime, ce silence lent,
Avenir que l'estuaire afflige,
Courants et bras,
Cet ophidien secret
De ce qui vient et va.
_____5.5.75_______________________
      OUESSANT

Petites pierres vertes, blanches et bleues,
Boules de verre que la vague roula
Pour en faire les yeux de la mer,
Je les cueillais dans les galets
Pour Frédéric et sa maman.

Je remontais la falaise
Avec ce double trésor
D'un gros bébé en porcelaine
Et de bijoux plein mon cabas.
Nous nous guettions mutuellement
Moi du chemin,
Toi de la fenêtre,
Précédés par nos ravissements
Dans une aube ultra-violette.

Chère verdeur d'océan,
Corne de brume
Moiteurs que tu aimais,
L'essor des goëlans,
Cris d'ivrognes,
Landes salées des hauts fonds,
Phares, sirènes et vents
Qu'avez-vous fait d'elle ?

      OUESSANT ( bis)
Petites pierres, vertes, blanches et bleues
Boules de verre que la vague roula
Pour en faire les yeux de la mer,
Je les cueillais dans les galets.

Je remontais la falaise
Avec ce double tésor
D'un gros bébé en porcelaine
Et de bijoux plein mon cabas.
Nous nous guettions mutuellement
Moi le chemin,
Toi de la fenêtre
Précédés par nos ravissements :
Cornes de brumes, l'essor des goëlans
Phares, sirènes et vents.
____________30.12.72__________________
       AMANITA  PHALLOIDES

Elixir, mais de mort,
Regard du mal
Dans le triste septembre,
Terrible phalloïde
Fais crever les familles
Dans des banquets à la Trimalcion,
Purge-moi de mon âme
Avec tripes et boyaux,
Fais-moi dégueuler l'existence.

     AMANITA  PHALLOIDES  (bis)
Elixir, mais de mort,
Oeil vert du mal
En ce septembre,
Phalloïde, vas-y !
Fais crever les Familles
Dans les banquets à la Trimalcion.
Purges-les de l'âme, l'âme ?
Avec tripes et boyaux,
Fais-leur dégeuler l'existance.
_________________2.12.72_______________
       AMANITA  MUSCARIA

Tue les mouches
Ma jolie rouge et blanche,
Mon hilarante, ma fausse orange.
Tue les timides et les sots,
Fais-moi des lâches des audacieux
De la souffrance un calme
Des frénésie la délivrance.
Envie ta muscarine qui fit de moi, statue,
Cueillant ton rire dans les fougères,
Le clown de ta macabre danse
Sur le volcan que fut mon corps.

    AMANITA  MUSCARIA   (bis)
Tue les mouches, mon hilarante,
Jolie rouge et blanche.
Du lâche fait le héros
Des frénésies la délivrance.
Et moi, statue,
Cueillant ton rire sous les bouleaux
Je serai le clown de ta dance.
___________1.12.72___________________
         LA  FLAQUE  DE  MERCURE

A ta question : A quoi penses-tu ?
Je réponds : à une mer de mercure
Bordée de plomb.

Et toi et moi, dans quoi finirons-nous ?
Dans l'airain tiède, le laiton ?
Non. dans le paradoxe froid d'un métal en fusion,
Dans un liquide trop lourd pour la baignade,
Le sculpteur l'a voulu :
Dans le mercure, broyeur de corps et d'âmes.
____________1.12.72._____________________
   ON  MEURT  DEUX  FOIS

Il verdit, ce monde,
Jaunit et tombe.
Mais moi, si font le vide,
Autour de moi qui rit,
L'herbe et le vent ?

Mais moi, sur deux fronts attaqué,
Si rit de moi qui tombe,
Le vert renaissant ?
Je te pèse, qu'espère-tu
Héritier impatient, printemps ?
___________20.1.76_____________________
                 
                      MALAISES

                   BAIL  A  CEDER

J'ai visité une jolie ruine :
Moi.
Je me suis fait les honneurs
De loques et de friches.
D'un pas de locataire
J'ai traversé mon crâne.
Ici furent notre lit,Le toit, la cuisine
Où mijotaient nos vies.

Grimacez, feux et braises,
Fais le fantôme, vent !
La nuit vient, l'oiseau crie,
J'ai froid. Ce froid, c'est moi.
_________________18.12.72___________________

       SOUFFRANCE
        
Je suis là, brisé, gisant, inerte,
Sur ce canapé moche, pensant à toi,
Un ressort me fait mal, moindre des maux.
Je me suis emmuré dans la pièce,
C'est sans espoir : même la pénombre blesse.
Je ne bouge pas, je ne regarde rien,
Je ne veux plus être, je serre les dents pour ça.
Une tache s'impose à droite, sur le velours,
Je refuse de la voir mais je l'ai vue.
Une tache vaguement verte, sans forme ni gloire,
Je l'ai vue. Elle est là, que m'importe ?

Il m'importe pourtant.
Pars, tache, vas-t'en,
Tu es laide, et vielle, et triste, et bête,
Quitte ma somnolence, retourne à ton néant.

Et soudain un éclair, un rugissement,
Un coup de poing en plein dans le bas-ventre
O ma souffrance, tu m'as rappelé à l'ordre.
Ce moisi, ce brunâtre, ce verdâtre,
Qui était-ce vraiment, où suis-je, qu'en ai-je fait ?
C'est un visage, il le sait, il me gruge.
L'ombre, le rien de rien, la vomissure,
C'était ton oeil, ta peau, toute ta gloire,
C'était toi. Reste! Je te piège à ton tour.
________________13.12.72___________________________
                  REVEIL

Ce noir, ce noir !
Vieille gueule de bois
Où ai-je traîné hier soir ?
Où est le drap ? J'ai froid.
Et toi
Où sont tes doigts
De tous les jours ?
Ce parfum ... Ma main tient quelque chose,
Une rose ?
Une rose. Qui donc fabrique la nuit
En haut, en bas,
A droite, à gauche, si près ...
Qui fait de moi un corps ?
______________20.12.72______________________
             RELIEFS

Suis-je sel,
Cendre, poivre et
Puis, non desservis,
Bouchons, bouchons, miettes,
Miettes,
Qui ?
La fourchette omise ?
Le mégot et,
Au nez,
La moutarde ? Suis-je qui ?
Combien verte bouteille !
Belle moutarde, vielle cervelle,
Miette et miette, biscuit, cendre et puis ?
Nappe et tache, bouchon,
Sale sel,
Poivre et puis
La (ah! celle-ci)
Cendre.
Si, cendre,si!
Nous le savons : je suis.
__________________6.2.78  (dans bien des emmerdes)______
     GUEULE  DE  BOIS
     (Retour à la normale)

Dalle dure
Sous les aisselles pourries,
Tu m'as eu, tourbillon,
Jusqu'au fond du fond
D'un noir dégueulis,
Noeud d'ouragan
Où végète l'agonie.

Et puis, dans un caprice
De ta spirale revenue
Je tourne, tourne
Me vomis ...
Ventouse, je redeviens celui
Qui pompe ma vie.
_______________5.1.73_________________
      RETOUR  A  LA VIE

        A  MON  DEMON

Démon, fais ta valise,
Prends tes chaussettes, ton caleçon,
Dis adieu à ton feu.
Dans ma tête emménage
A la cloche de bois.
Voleur paradoxal
Apporte ce que tu peux, ton violon,
Tes bouteilles, ton piston,
Qu'on rigole un peu
Tous les deux.
Tes cliques, tes claques
Seront les bievenues.
Ne te gênes pas, prend possession
De ma cervelle.
Tu trouveras la clé du crâne
Sous le paillasson.
_____________25.12.72_____________________





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